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Accroche-toi Jeannot...

« On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. » - Desproges.
L'éloge funèbre de Desproges pour Guy Bedos :

Guy Bedos n’est plus. La France perd le meilleur de ses fils et la rampe le meilleur de ses feux. Que dire du désarroi qui nous broie et de la douleur qui nous noue sinon quand nos cœurs l’un et l’autre cohabitent, pour reprendre le cri d’amour du crapaud. Oui mesdames et messieurs, la France est en deuil et la presse toute entière en témoigne. Hormis le journal l’Humanité qui considère le décès de Bedos comme une manœuvre du gouvernement pour accélérer le processus de compression du personnel du Cirque d’hiver à la rentrée, les locations sont bientôt ouvertes, la presse toute entière dis-je, pleure la perte du plus gouvernemental de nos tourlourous. Tout en déplorant que Bedos eut moins d’humour que Tino Rossi, Lulute Alsida écrit dans Libération, je cite : « Bedos est parti, le froid coup de poing du destin nous atteint en plein hiver, glacé comme un marron. ». Même Minute, où Bedos n’avait pas que des amis c’est vrai, même Minute trouve quelques accents de dignité sous la plume d’Adolphe de Croix de Feu pour exprimer la sincérité de son deuil. Je cite Minute : « Chouchou de l’intelligentsia cosmopolite de l’Avenue Foch, le pétomane pro-palestinien Guy Bedos, né Bedostein, vient de passer l’arme où ça ? À gauche évidemment ! »
Guy Bedos, mesdames et messieurs, n’était pas parfait, mais il avait beau être de gauche on ne m’ôtera pas de l’idée que c’était un honnête homme. Et puis, Dieu m’écartèle, si possible sous anesthésie générale, qu’y a-t-il de vraiment infamant dans le fait d’être de gauche ? Arguant de sa haine de la Corrida le 27 octobre dernier sur TF1, l’exquise Stéphanie de Monaco s’écriait : « Après tout les taureaux sont des êtres humains comme les autres. » Et à mon tour je pose bien haut la question : et les gens de gauche, ne sont-ils eux pas aussi des êtres humains comme les autres ? Comme le remarquait fort à propos Alphonse Allais, qui n’était pas la moitié d’un con sinon il ne serait pas avant Argenton-sur-Creuse dans le Larousse, l’important n’est pas tant d’être de gauche ou de droite, l’important est d’être de quelque chose, et finalement être de gauche ça vous pose un homme aussi sûrement qu’être de garenne ça vous pose un lapin. Etre de gauche c’est aussi, c’est surtout, savoir se dresser contre les injustices sociales chaque fois que votre calendrier des loisirs vous en laisse le temps, et peu d’humoristes se sont engagés dans cette voie avec autant de cœur que ce comique troupier néo-castriste dont je salue ici la dépouille mortelle, lui qui a toujours pris fait et cause pour ces victimes exsangues du vampirisme capitaliste que sont les masses laborieuses qui vont le dos courbé sous le joug de l’impôt qui leur suce la moelle jusqu’au tréfonds du péritoine les rendant incapables de joindre les deux bouts pour en faire un seul nœud ! Les injustices sociales ne sont plus tolérables. Guy Bedos, Dieu ait son âme, et moi-même, Dieu lâche la mienne, en avions pleinement pris conscience. Parfois mesdames et messieurs j’ai honte d’être un nanti, et pas seulement un antisémite. Mais un nanti tout court. Quand je pense, rendez-vous compte qu’en une soirée il m’arrive de gagner l’équivalent de trois mois de salaire d’un ouvrier alors que de son vivant Guy Bedos gagnait l’équivalent de six mois de salaire d’un cadre supérieur. J’ai honte.
Aujourd’hui te voici comme un langui Guy, te voici emballé dans ce suaire où tu parais plus grand couché qu’accroupi et ma voix émue mue de te savoir si mou. Adieu l’artiste, vas en paix. Tu peux compter sur moi, je saurai m’occuper de ta veuve et de ton cher public.

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