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Voyage

  • La solitudine


     
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    Mes souvenirs s’étalent comme un terne patchwork effiloché. Nek puis Laura Pausini sur les oreilles du souvenir. Frissons frémissants d'une voix italienne, frémissements frissonnants d'une colonne vertébrale à son écoute. Pourquoi ne suis-je pas né complètement italien plutôt qu'un quart ? Pourquoi ne suis-je pas né dans les rues chaudes d'une Naples méditerranéenne ? Pourquoi n'ai-je pas passé mon enfance dans les allées d'une Florence artistique ? Pourquoi n'ai-je pas passé mon adolescence à courtiser sur les places d'une Rome éternelle ? La vie est une succession de questions sans réponse. Train de vie. Je me souviens. Bruits étouffés de voix et de gestes. Le soleil d’un après-midi de fin d'été brille au travers des collines toscanes de Gianna Nannini. Les cyprès, gardiens en faction, protègent les champs humains du vent brigand. Maisons du Sud, maisons du soleil, riantes sur le passage du train. Voix du passé qui s'entrechoquent dans le wagon. Un son frais, venu de l'enfance m'entoure et m'enivre de son parfum. De jeunes Italiens, la vingtaine à peine. J'ai envie de rire, de chanter, de courir, de sauter. J'ai envie de leur énergie vive et communicative. J'ai envie de sentir dans mon cerveau et mon sang leur fraîcheur et leur jeunesse. Jeunesse italienne. Jeunesse pleine et belle de mes vertes années. Jeunesse courant dans les prés d’herbe fraîchement coupée des flancs montagneux des Alpes vaudoises, L’Italiano de Toto Cutugno plein les oreilles, le vent tout derrière et l’avenir tout devant.
     
     
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    Poussière des traverses de montagnes, papillons estivaux, grillons insouciants, vers luisants baignant de leur lumière nocturne les rêves d’enfance, soleil enjôleur et cajoleur, mélèzes protecteurs, nature sauvage et joyeuse. Villages saisis dans l’immobilité du temps, places italiennes si vivantes, Fiat 126 et Fiat 500 aux allures de grands jouets rigolos, Vespa pétéradantes et Ape débordant de foin, de bois et de gens. Maoro, Paolo, Claudio, Andrea, les amis d’enfance... Tout cela s’est envolé comme un rêve qui s’évanouit au petit matin alors que l’on reprend le cours de la grise réalité. Nous nous sommes revus adultes… Ils ne parlaient plus mon français, je ne parlais plus leur italien… Nous n’avions plus la même langue, celle de l’enfance… Le vide de l’âge nous avait séparé… Le reste de mes joies passées sur ces terres inestimables s’estompent peu à peu ; seule la nostalgie et la pleine souffrance de ne jamais retrouver ces joies d’enfant persistent alors que s’étalent devant moi les photos d’un autre temps.
     
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    Les jeunes italiens sont toujours là. Tel un vampire sorti des abîmes insondables du souvenir, je les convoite, je les jalouse, je m'immisce dans leurs discours disparates et vivants, et je m'approprie leur énergie vitale. Italie, temple de l'insouciance, des vacances et de la jeunesse. Chaque particule échappée de leur être, un souffle, une phrase, une exclamation, un regard, un geste, s'intègrent à moi comme cent drogues différentes, montent à mon cerveau surchargé et triste, et transpercent les brumes de mon esprit. La vie coule de nouveau dans mes veines, une illusion de jeunesse aussi. Je suis jeune, c'est en tout cas ce que je crois voir dans la vitre du train. On ne peut reconstruire son passé... Tel est le drame humain : se souvenir que l'on a vécu... La vita non è uno scherzo!
     
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       Ivresse des profondeurs du souvenir...
     
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    Doriane Purple