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  • Lasciatemi cantare...

    Parfum de souvenirs heighties sur la nuque fragilement brune et éphémère d’une chevelure trop rapidement passée.
    Vision fugitive de mon passé inscrit en italique sous la semelle ferrée d’une botte modiste italienne.
    Toto Cutogno dans l’air des années de ma prime jeunesse voletant dans le prime time de cette soirée d’avril blagueur.
    Mon ami d’enfance Andrea et moi, infatué de mon infantilité précoce, parodiant déjà L’Italiono en chantant de concert "Lasciatemi …passare con la minestra in mano" devant le visage écarlate de la mia nonna alors tellement vivante, rieuse et complice de notre prime jeunesse insouciante, embrassant tendrement sa soupe onctueuse et fumante dans ses bras, en contrebas de notre maison piémontaise, au sein d’une vallée alpine fraîchement parfumée des intempéries estivales.
    Parfum incommensurable et lacérant de glaces italiennes ingurgitées avec une satiété et une gourmandise indécente sans frustration aucune, sous la chaleur douce et dilettante de la plaine chanceuse du Pô.
    Parfum affreusement subtil de la nostalgie enfantine…
    Parfum extatique de vomissure acerbe et annoncée de l’âge adulte…
    Goût acéré et aciéré de ma salive aux accents métalliques…
    Goût véritablement alcoolique d’une bouteille faussement dry ingurgitée avec âpreté sous le ciel sombre et étoilé d’un parking faussement plein d’âmes mécaniques au repos dans une moiteur trompeuse…
    Rendez-vous tant de fois manqué avec le destin chancelant et pantelant d’une vie qui ne s’annonce déjà que derrière soi…
    Rendez-vous cosmique avec mon néant intrinsèque…
    Rendez-vous flagrant avec mon ennui profond sans médication pour l’apaiser, sans même un pudding morphina
    Il me semble devenir fou, mais ne suis-je pas sur le seuil physique de la nef des fous ?…
    Je regarde les étoiles par la fenêtre vitreuse de mon désespoir latent durant un léger instant d’éternité, puis je m’engage enfin vers la voie de la déraison. L’air frais du soir me fouette le visage et les sangs. Je laisse définitivement, le crois-je en cet instant peu fatidique, ma compagne d’un soir, allongée sur la banquette arrière, satisfaite et vidée de son moi profond. le goulot offert et la poitrine rigide et chirurgicalement inesthétique se soulevant en soupirs purement satisfaits. Elle resplendit sous la lune fauve. Son T-shirt de verre respire à travers les lettres de son nom gravé dans ma mémoire déjà vacillante, MARTIN… E ou I… Ma vue se trouble désormais… J’ai atteint mes limites.
    Goût inavoué, obscur et exotique de l’oubli annoncé…
    Oubli intrinsèque de l’âme…
    J’ai l’humeur alcoolisée d’un été déclinant à jamais commencé…
    Je me disais bien que c’était une erreur d’être là, dans ce guet-apens purement provincial de ma solitude trentenistique, dans cette fosse plénière aux allures faussement dégradées …
    J’en suis là de mes élucubrations ténébreuses entre deux relents de gorgées d’alcool faussement frelaté quand l’appel quasi-religieux de Toto Cutogno me fait converger vers cette nef pullulante des fous…
    Sono un italiano vero ! ?
    Ombre soudaine dans la lumière âcre de la salle hétérogène. Les familles s’installent délicatement sur les gradins dégradants. La salle salie est alors un mille-feuilles au ton et au teint d’une pyramide des âges incomplète. Les générations se côtoient pour mieux s’exclure. Tandis que les parents traînent leur gêne adulte voire adultérine ; les filles traînent tout simplement leurs parents… Pourtant une fraîcheur envahit paradoxalement le public comme une vague océanique effrontément en marge tandis que la scène se met en place. Un cœur d’or de pirate avait envahit auparavant la scène comme une vague vague océanique éclaboussant l’auditoire atone. Première partie pour ce pirate d’anagramme. Ce trésor perdu du Nouveau Monde s’en va couler dans les flots des coulisses, le ressac l’emportant de manière vaporeuse sous les frous-frous d’une robe crémeuse et sous les tatouages vengeurs d’un vieux loup de mer afin de mieux annoncer la tempête hypothétique se préparant rageusement. Le véritable flibustier, le pirate à la chevelure en pagaille, le trompettiste de la mort sabré au champagne voire à la bière, n’a pas encore exalté son abordage viscéral et cynique. Il est là, dans l’ombre de sa destinée, l’œil acerbe et la chevelure hirsute aux aguets, afin de mieux sauter sur le nouveau bastingage.


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    Mais pour l’heure, j’ai de nouveau besoin d’un petit remontant à ce reflux illusoirement écumant. Adieu province cousine, adieu accent froid mais régénérant. La soif est la plus forte. I need someone or something. Dans ces bords de mer sentant le naufrage  je m’en vais jeter ma bouche pute sur une bouée de Malibu aux formes alertes et généreuses de série pamela andersonnienne, mélange subtil de vierge madonne se roulant dans l’écume sépia à aileron caudal, de néo-Elvis black and white dansant avec une Helena Christensen à demi-nue faisant chanter toutes les sirènes des sauveteurs apolliniens, et de cheval marin de Renaud morgane de Lolita ou d’une Bambou gainsbourgienne à demi-vêtue de jeans écaillés.
    Je suis lâche et confus mais tellement imbibé d’embruns que j’en disconviens aisément sans rechigner… Je reviens avec mon bateau ivre vers ces rivages tout à la fois funestes et salutaires… J’ai peur de ne plus pouvoir rentrer : mon paternel m’a laissé tomber il y a bien longtemps, mais l’alcool vieillissant me fait passer dans le flot jeuniste et mugissant. Je suis là et je reste las. Est-ce là encore un de mes fourvoiements erratiques ? Michael Hutchence, Mickey Rourcke, James Dean au faîte de sex-appeal, défilent encore dans les yeux frivoles et hormonaux des jeunes filles en fleurs qui me dévisagent, mais je suis déjà un Dinosaur Junior, un Freaky New Child, symbole flagrant et anecdotique du passé, ayant les attraits morbides de mon âge grandissant : la langue pendante du premier, le visage tuméfié du deuxième et le crâne écrasé par la chute d’accélération du dernier . L’envie me prend de m’enfuir devant la diligence indigente de mes propres peurs… Mais je reste ballotté par le reflux d’un liquide aquifère trop rapidement ingurgité. Quarantièmes rugissants, quand tu nous tiens ! Je suis tant victime des assauts de ma tempérance trop tartuffienne que je me laisse choir à distance dans un coin obscur de l’avant scène, les murs ombrageux assombrissant mes perspectives à courts termes. Le rideau tombe de manière incongrue sur cet avenir illicite. Je suis saoul de mes propres divergences, de mes propres transgressions, de mes propres folies divinatoires.
    Toto Cutogno m’assaille de plus belles de ses tempérances divagatoires. Ouie-je bien ?
    Sono un italiano vero ! ?
    Un ange blond passe alors, purement divinatoire, résultante escomptée de mes désespérances.
    Un Julien Doré à la crinière léonine à la barbe d’un faux Lénine entre dans l’arène vague et troublante.


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    Relent d’Italie stéréotypée ? Pâte folle, patte folle sur son tabouret branlant qui s’émancipe des convenances troubles de l’auditoire intimidé. Renversant, non ? Renversant à double titre, oui ! Le timide s’extériorise peu à peu : sudation virginale recueillie dans le calice spongieux d’une serviette peu hygiénique, petits crachats entre amis, dessappement progressif et alternatif en bon et du forme, déhanchement elvisien, décoiffage en règle, renversement de situation, jouant de son corps comme d’un instrument de musique, art qui reste son violon d’Ingres à défaut de son piano lys.

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    Les minutes s’étiolent dans sa parfaite attitude et béatitude. La rock attitude s’émancipe peu à peu des sapes de mon amertume acéré d’épine d’acacia. Le public de masse n’arrive pas à suivre en masse, éloignant le spectre angélique d’une communion avec l’archange blondy. J'aime pas ce peu d’engouement statique dans un concert.

    Il faut se rendre à l’évidence ; c’est bien la première fois que je verrai un concert de bout en bout, et non par petits bouts : aucun pogo me lançant dans l’embarras d’une transe compulsivement chorégraphique et aucune tête hirsutement chevelue de punk à demi-défoncé heurtant frénétiquement mon point de vue.

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    Seuls quelques portables insupportables portés à bout de bras par des adolescentes lilliputiennes et générant de froids souvenirs factices, me renvoient une mise en abîme un peu abîmée de la scène distante de peu qui, à mon plus grand plaisir, les teinte d’une couleur plus rock que l’album trop conceptuel, trop pop, trop doux et pas assez amer dans les arrangements musicaux à mon goût. Enjoy the noise or enjoy the silence, la question ne se pose plus pour moi depuis longtemps… Je suis un adepte du bruit et de la fureur faulknerienne… Un Iggy Rock jusque par delà la retraite agitée avec toujours autant de décaunes! Tel est mon côté oscur !


    Je m’octroie une pause salutaire. L’alcool fort a ses avantages que n’a pas la bière mais il ne faut pas prendre ses vessies pour des lanternes ; je ne peux nier l’évidence : il me faut trouver des vespasiennes vespérales. J’erre prudemment dans le décorum avec le sourire béat d’un con damné à mort. Des bulles de métal s’offrent à moi, limpides et claires. J’entre dans le lieu culte pour soulager mes angoisses masculines éphémères mais cycliques.
    Je me trouve dans l’antichambre du soulagement du soudard soulard que je n’aurai pas pu être, même en d’autres époques, satisfait par anticipation de mon exagérée fierté virile, à défaut de virale bien mal placée.


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    Mais voilà que dans l’ombre de ces vespasiennes totalement désertes et sèches se dresse l’ombre incongrue d’un autre italien perdu dans mon délire nostalgique : il se dresse gaillardement devant le mur d’infamie, concentré sur son tir précis et ciblé. Sa physionomie illicite me dégrise quelque peu. L’image se retourne dans un sursaut soulagé pour mieux sortir de l’affiche rock’n rollesque. C’est le double magnanime tapi dans l’ombre de Julien Doré : Julien Francioli.


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    Je ranime mes quelques neurones valides pour lui attester de ma surprise et de ma reconnaissance soudaine. Voici en substance l’altercation verbale :


    « Ah, oh… Salut ! dis-je un peu hésitant le reconnaissant au travers de ma brume alcoolique.
    -Euh…salut, répond Julien déjà un peu gêné d’être accosté par un mec au sortir de sa remontée de braguette.
    - Sacrée soirée( sic !)… Vous passerez le bonjour à … Julien Doré !
    - Oui… répondit poliment Julien en allant se laver les mains dans un geste qui fait honneur à son hygiène.
    - Euh…Vous passez dans le coin avec votre groupe (Dig Up Elvis, NdA).
    - Ouais, on passe à Montpellier et à Marseille, s’applique Julien de plus en plus embarrassé…
    - Bon, je ne vous gênerai pas plus ; j’ai des choses à faire, montrant en rigolant les urinoirs offerts. »


    Fin de la conversation et passage de la porte de sortie de l’interview instructive. Je me retrouve face à la glace et part d’un grand éclat de rire. Instant diaphane de légèreté incongrue. La fraîcheur de l’instant domine sans préambule, sans aspérité, sans épilogue aucun. Dommage pour le concert de Montpellier déjà passé et pour celui de Marseille aussi, étant absent de la région à cette date ; une autre fois sûrement…

    Dig up Elvis.png


    Je vais me perdre de nouveau dans la foule affolante.
    Le public reste atone comme celui de The Cure au club du troisième âge de Drucker (si c’est les champs élyséens de l’au-delà, autant qu’on me jette dans le gouffre du Tartare) : même pas de frénétiques cris pré-féminins comme je m’y attendais avec une certaine constipation, crispée, pas de "Juju" larmoyants et effervescents ou de "Je t’aime" frénétiquement illusoires. S.0.S. In Uruguay ? Pas même de litanie de regrets, ersatz d’Alcools:

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    Il avait de grands yeux très clairs
    Où parfois passaient des éclairs
    Comme au ciel passent des orages.
    Il était plein de tatouages
    Que j'ai jamais très bien compris.
    Son cou portait : «Artiste » pas pris
    Sur son cœur on lisait : «Marcel Duchamp »
    Sur son bras droit un mot : «Dig up Elvis » hors champ.


    Il m'a aimée toute la nuit,
    Mon Apollinaire !
    Et me laissant à mon destin,
    Il est parti dans le matin
    Plein de lumière !
    Il était minc', il était beau,
    Il sentait bon le spotlight chaud,
    Mon Apollinaire !
    Y avait du soleil sur son front
    Qui mettait dans ses cheveux blonds
    De la lumière !

    Bonheur perdu, bonheur enfui,
    Toujours je pense à cette nuit
    Et l'envie de sa peau me ronge.
    Parfois je pleure et puis je songe
    Que lorsqu'il était sur mon cœur,
    J'aurais dû crier mon bonheur…
    Mais je n'ai rien osé lui dire.
    J'avais peur de le voir sourire !

    J'sais trop bien son nom, je sais tout d'lui.
    Il m'a aimée toute la nuit,
    Mon Apollinaire !
    Et me laissant à mon destin,
    Il est parti dans le matin
    Plein de lumière !
    Il était minc', il était beau,
    Il sentait bon le spotlight chaud,
    Mon Apollinaire !
    Y avait du soleil sur son front
    Qui mettait dans ses cheveux blonds
    De la lumière !

    On l'a trouvé sur une scène.
    Il avait ses beaux yeux qui assène.
    Dans le ciel, passaient des nuages.
    Il a montré ses tatouages
    En souriant et il a dit,
    Montrant son cou : «Artiste» incompris
    Montrant son cœur : « Ici, personne. »
    Il ne savait pas… Je lui pardonne.

    J'sais trop bien son nom, je sais tout d'lui.
    Il m'a aimée toute la nuit,
    Mon Apollinaire !
    Et me laissant à mon destin,
    Il est parti dans le matin
    Plein de lumière !
    Il était minc', il était beau,
    Il sentait bon le spotlight chaud,
    Mon Apollinaire !
    Y avait du soleil sur son front
    Qui mettait dans ses cheveux blonds
    De la lumière !

    J'rêvais pourtant que le destin
    Me ramèn'rait un beau matin
    Mon Apollinaire,
    Qu'on s'en irait seuls tous les deux
    Dans quelque backstage merveilleux
    Plein de lumière !
    Il était minc', il était beau,
    On l'a mis sur les planches à chaud
    Mon Apollinaire !
    Y avait du soleil sur son front
    Qui mettait dans ses cheveux blonds
    De la lumière !

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    Rien de tout cela : je me laisse uniquement bercer par la musique scénique, montant de plus vers la frénésie d’une russian roulette.

    La tension monte sur la scène titre après titre, mais la mayonnaise ne prends pas véritablement dans le public, trop disparate, trop éclectique, trop généraliste, trop enclin à voir la belle gueule. C’est effroyablement dommage alors que la scène se révèle plus rockailleuse que l’album, pour son plus grand bien, le chanteur décalé se révélant de plus en plus rock, de plus en plus tressaillant, de plus en plus tressautant, de plus en plus chaleureux, de plus en plus subodoré à sa sudation et de plus en plus défroqué avec Sharko mais sans Sarko, et sans l'italienne Carla, la First Lady actuelle. Révélant de plus en plus son côté obscur, le dandy se dandine devant ses figures imposées...

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    Tempête de chiens galeux des mers, tremblement de terre localisé d’aigle déchu sur l’Aquila quotidien écrasé par le G8 luxueux distant, indifférent et méprisant.

    Rien n’y fait, le tsunami ne fait que des vagues clapotantes dans le public trop jeune. La mer reste d’huile malgré la ferveur rock’n’rollesque du capitaine qui tient la barre. Quelques clapotis de ci de là, mais aucune houle da la foule et aucune vague déferlante de rage contenue. J’en ai presque le mal de mer, mais j’ai pris ma médication en prévision, alors j’attends, j’entends et j’écoute avec mes Brown Ears grandes ouvertes les éructations de ce navire qui n’aspire qu’à couler la mer d’huile ambiante.


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    La lumière décroît dans mon cerveau exsangue en même temps que sous ce plafond ravageur de perturbations météorologiques. Soudain éclair de lumière transperçant la rétine et la conscience.

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    C’est la fin ! ? La foule lente et grégaire s’écoule vers la sortie discrètement. Mais alors qu’une partie de la salle s’est déjà vidée, une vague imprévue revient mettre une claque rafraîchissante. Un unplugged se met en place rapidement, noyé de façon espiègle au sein de la houle et de la foule de fin de soirée, comiquement simple et généreux, simplement véritable et convivial, purement original et porteur d’émotions. Puis Julien le Belge d’adoption nous convie à partager une bière au bar attenant à la salle. Rendez-vous pris par un certain nombre de jeunes filles plus ou moins fanées et par moi-même. Je ne prends rien de plus, je suis en phase de décrue .J’observe dans mon état bienheureux les têtes de frères de la côte qui s’agitent de part et d’autre vers un salut illusoire. Je sais trop bien l’inutilité de cette agitation vivace mais je me tais, puis j’oublie… Le bar devient bientôt une rade où viennent s’échouer les illusions de jeunesse de sirènes en besoin affectif.

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    Les hormones pleuvent tout autour de cette grève aux ormeaux, mais je me noie dans mon propre ressac dirigé misogyne. Je plonge dans les séries de vagues ininterrompues qui frémissent autour du récif Julien Doré. Mais ce n’est plus un roc résistant aux forces qui l’assaillent, il se révèle un frêle esquif porté doucement par les flots qui de rageurs se sont adoucis à son proche contact. Je suis véritablement frappé par la fraîcheur de son âge (Serait - ce un signe de mon âge vieillissant ?), de sa fragilité encore enfantine, de sa vulnérabilité face au malstrom soudain de sa célébrité, de sa disponibilité patiente, rieuse mais parfois inquiète, tranchant fondamentalement avec son image publique ou son comportement de pirate véritable en branle bas de combat sur scène. Je suis à moins d’un mètre de lui, derrière le premier front de Walkyries autographiques. Nos regards se croisent illusoirement … Rencontre entre deux timides maladifs. A lui, la scène, à moi l’alcool pour combattre le même mal. Par bravade, je ne dévêtirai pas mon torse pour que me sois inscrit un tatouage éphémère : « ceci n’est pas un autographe » ! Je ne franchirai pas le pas.

    Je me laisse emporter par le ressac vers des cieux plus éloignés sans regret, avec une joie intérieure partagée. Je me retrouve sur le parking béant, face aux étoiles. La nuit s’éveille. Mon sang et surtout ma vessie ont éliminé les restants de toxines de dépravation alcoolique de mon organisme fatigué. Je reprends le contrôle de ma nef mécanisée de Premier ministre roumain, de ma Dacia bleu nuit. Je pars dans les confins lointains de mon sommeil prochain, quand soudain mon étrave de tribord avant s’effiloche à pleine vitesse sur un écueil non répertorié sur mes cartes de bord, sur un récif sournois qui m’échoue dans une presqu’île sombre où je dois réparer le dommage avant de repartir seul, tout seul vers un repos bien mérité rempli de rêves de pirates.

    Excellent
    ! unplugged or not, quand même malgré le côté obscur de cette fin de soirée.


    Eh, Mister Blondy, que dites-vous de cet abordage sur la frégate rock faussement terrienne des vieilles charrues ? Avez-vous eu plus de frissons pleins d’adrénaline face à cette marée rockailleuse ?


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    Pour me donner une réponse, rendez-vous à Winnipeg, à Helsinki, à Novara, ou bien au delà, voire plus simplement sur la toile.
    Sono un italiano vero !
    Ciao !

    Paolo Porpora

  • Unhappy épi...

     

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    A l’aune de ma démesure funeste, mon esprit ploie sous le masque de l’agonie folle que j’affronte seul en cette pleine nuit sombre et profonde. Ce masque grimaçant qui me révulse de ses yeux affolants, qui me transperce de ses regards intensément vides, qui me transfigure en papillon de nuit brûlant ses ailes diaphanes sur une lumière artificielle et morbide, me renvoie le propre reflet de mon instabilité intellectuelle flagrante comme un cauchemar éveillé.

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    Masque tragique et antique de ma folie personnelle, paradoxalement libérateur et suffoquant.  Masque insondable de ma propre fin inexorable et prochaine. Masque inhumain de ma peine inaliénable et de mon angoisse anxiogène. Masque suffoquant de ma terreur de vivre. Masque enivrant de ma propre impuissance sur le temps qui passe sans faille. Masque faussement juvénile de ma jeunesse perdue depuis mon premier cri. Masque de tragédie grecque où les dieux olympiens se jouent de la souffrance et des doutes des humains trop simplement terrestres. Masque des souvenirs réminiscents qui s’effilochent au fur et à mesure de leurs déconvenues. Masque d’affolement, de peur, de terreur face à notre vie éminemment moderne et totalement absconse de traits imparfaitement humains. Masque du nihilisme intime qui m’anime et qui me détruit toujours et de plus en plus. Masque révulsé que m’aspire et m’inspire la grande Camarde dans ses hôpitaux capitonnés. Masques en carton pâte de déchéance humaine infructueuse et malodorante. Masque de mon impuissance flagrante de démiurge faussaire. Masque épileptique de ta mort grandissante, intrinsèquement liée à mon propre néant immense...

     

     

     

    Doriane Purple