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alcool

  • L'homme descend du songe !

     

    Fusillades verbales exaltées et exhalées de gosiers assoiffés…
     
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    "Hé Blondin ! Tu veux que j’te dise ? T’es le plus grand dégueulasse que la Terre ait jamais porté ! ! ! "


    "Réveille-toi, réveille-toi Blondin, voilà les soldats, allez vite !

    - Bleus ou gris ?

    - Hein ? Ils sont gris, comme nous, confédérés, on va les saluer et après on se tire. Hourra ! Hourra ! Vive la Confédération, vive les Sudistes et mort aux Nordistes ! Ces salauds, et vive le général... comment il s'appelle.. ?

    - Lee.

    - Le général Lee ! Haaaah! Dieu est avec nous, parce que lui non plus il aime pas les Yankees, hourra !

    - Dieu n'est pas avec nous et il déteste les corniauds de ton genre ! ."

     

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    "J'espère qu'elle me fera tout de même la grâce d'assister à mes débuts dans les arènes monumentales... Y'aura du monde ! .. Luis Miguel attire toujours la foule ! .. Y'a longtemps que je rêve de triompher à Madrid... Le public sera exigeant... surtout derrière Miguelito... Je vais être obligé de prendre des risques... Je vais mettre mon costume blanc, celui de mes débuts... Vous vous souvenez de cette novillada de Tolède... Ce vent froid... Ce public affreux... Et ce taureau qui ne voulait pas mourir... Depuis j'en ai estoqué plus de cent ! .. Je suis le plus grand matador français ! .. Gabriel Fouquet... Plus célèbre que Fierchoul... Yo soy unico ! .. Ça vous intéresse, papa ?

    - Peut être ? - Et qu'est ce qui vous intéresse ? Le matador, le taureau ou l'Espagne ?

    - Le voyage, votre façon de voyager.

    - Ah ça c'est un secret !

    - Oh la la ! .. Le véhicule je le connais, je l'ai déjà pris, et c'était pas un train de banlieue, vous pouvez me croire... Monsieur Fouquet, moi aussi il m'est arrivé de boire... Mais ça m'envoyait un peu plus loin que l'Espagne... Le Yangzi Jiang... Vous avez déjà entendu parler du Yangzi Jiang ? .. Ça tient de la place dans une chambre, moi j'vous l'dis !

    - Sûr ! ... Alors deux xérès ? ...

    - Je ne bois plus, je croque des bonbons...

    - Et ça vous mène loin ?

    - En Chine toujours, mais plus la même... Maintenant c'est une espèce de Chine d'antiquaire... Quant à descendre le Yangzi Jiang en une nuit c'est hors de question... Un petit bout par-ci, un petit bout par-là... Et encore, pas tous les soirs... Les sucreries font bouchon..."

     

    "Matelot Hénault Lucien, veuillez armer la jonque, on appareille dans cinq minutes.

    - C'est parti !

    - Albert, je vous en prie, vous n'allez pas encore tout me saloper comme la dernière fois.

    - Madame, le droit de navigation sur le Yangzi Jiang nous est formellement reconnu par la convention du 3 août 1885. Contesteriez-vous ce fait ?

    - Je ne conteste rien. Je vous demande simplement de ne pas tout me casser comme l'autre jour.

    - Oh... mais pardon ! L'autre jour, les hommes de Chung Yang Tsen ont voulu jouer aux cons. Heureusement que j'ai brisé la révolte dans l’œuf, sans barbarie inutile, il est vrai. On n'a coupé que les mauvaises têtes, le matelot Hénault peut témoigner.

    - Sur l'honneur !

    - Bon. Nous allons donc poursuivre notre mission civilisatrice. Et d'abord, j'vais vous donner les dernières instructions de l'amiral Guépratte, rectifiées par le quartier-maître Quentin ici présent. Voilà, l'intention de l'amiral serait que nous percions un canal souterrain qui relierait le Huang He au Yangzi Jiang.

    - Le Yangzi Jiang... bon...

    - Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Huang He veut dire fleuve jaune et Yangzi Jiang, fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde !

    - Bon... Je vois qu'vous êtes raisonnables, j'vous laisse... J'ai des clients à servir, moi.

    - Eh ! Dites donc, l'indigène ! Un peu d'tact, hein ! ... Parlons d'autre chose ! ... Parce qu'on les connaît, vos clients ! La Wermacht polissonne et l'Feldwebel escaladeur ! ... Hein ! ... Et puis merde, j'vous raconterais plus rien, là !

    - Chut, Albert ! Vous fâchez pas !

    - Mais vous fâchez pas, vous fâchez pas ! Mais, nom de Dieu d'bordel, j'vous offre des rivières tricolores, des montagnes de fleurs et des temples sacrés et vous m'transformez tout ça en maison d'passe ! ... Vous plantez votre Babylone normande dans ma Mer de Chine ! ... Alors ! ... Matelot Hénault !

    - Oui, chef !

    - On va brûler l'village ! ... Où sont les grenades, que j'les dégoupille ! ...

    - Monsieur Quentin ! ... Calmez-vous ! ... Je vous demande pardon ! ...

    - Une reddition ? ... Soit !... La main d'fer dans l'gant d'velours ! ... Matelot, à vos pagaies !

    - Oui, chef !

    - Attention aux rochers ! ... Et surtout, attention aux mirages. Le Yangzi Jiang n'est pas un fleuve, camarade... C'est une avenue... Une avenue de cinq mille kilomètres qui dégringole du Tibet et qui s'arrête à la Mer Jaune... A gauche et à droite des jonques, des sampans... Au milieu, en plein courant, des tourbillons d'îles flottantes... Des orchidées hautes comme des arbres et des troupeaux de buffles... Des millions de mètres cubes d'or, de fleurs et de limon qui descendent vers Nankin, au milieu des pagodes et des villes en bois... Des villes pontons où tout est à vendre : l'alcool, le poisson cru, les putains, l'opium... Je peux vous affirmer, tenancière, que le fusilier marin a été longtemps l'élément décoratif des maisons d'thé... Dans c'temps-là, on savait rire."

     

    "Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'on toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs. Ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges !

    - Excuse-moi mais nous autres, on est encore capable de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père.

    - Mais c'est bien ce que je vous reproche. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire. Tu t'demandes pourquoi y picole l'Espagnol ? C'est pour essayer d'oublier des pignoufs comme vous."

     

    "T'es qui ?

    - Ah toi tu ferais mieux de t'en tenir là avant que tes espagnolades te r'prennent !

    - Monsieur Hénault, si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille.

    - Dis donc p'tit mal poli, tu veux que j't'apprenne !

    - Monsieur Hénault, je vous interdis de tutoyer mon homme de barre. J'vous ai d'jà dit qu'vous n'étiez pas de la même famille.

    - Alors toi, j'te préviens si t'es venu pour me donner des ordres, j'vais vous virer tous les deux à coups de pompes dans le train !"

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    1962



    Antoine Blondin sur le tour de France


    Pivot raconte dans le Nouvel Obs. du 5-11 octobre 2006 avec un certain Boris Cyrulnik en couverture :


    "Au départ de l’étape du lendemain il faisait frisquet et nous appréciâmes le café fumant servi aux journalistes, aux accompagnateurs et aux invités. Antoine Blondin, enfin raisonnable, avait lui aussi un gobelet en carton dans une main. Je lui dis bonjour, le remerciai de sa présence, la veille à Apostrophes. Il me répondit des choses agréables. C’est son haleine qui me fit baisser les yeux sur son gobelet. Il était rempli de rhum. Il disait qu’il était empêché d’entrer à l’Académie française par la présence entre son domicile et le quai Conti de cinq cafés. Un seul aurait suffi pour lui couper la route de l’immortalité ! Alors cinq ! D’autant que sa devise était : « Remettez-nous ça ! » L’Académie est riche et elle aurait pu faire l’effort de racheter les baux des cinq bistrots pour les transformer en boutiques de fringues, d’antiquités ou, mieux, de livres."

    L'Académie française est plus clémente avec les buveurs d'eau plate, voire d'eau de mer comme Cousteau...

     

    "Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont le pistolet chargé, et ceux qui creusent...Toi, tu creuses..."

     

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    1967



    Gloire aux corridas mortellement enivrées avec des voitures taurines ! De la vraie tauromachine ! De splendides danses de pistoleros ! Et vive les voyages immobiles !

     


    Doriane Purple