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photographie

  • Domestic Landscapes...

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    "Bert Teunissen, photographe néerlandais, est entré par hasard, un jour de 1996, dans un vieux café de Castelnau, en Provence. Il n’a jamais oublié. Le mobilier est simple, un feu brûle dans l’âtre, l’atmosphère lui rappelle la maison de ses grands-parents, depuis longtemps rasée. La photographie de la vieille dame assise au milieu de ce café devait être la première d’une série qui compte aujourd’hui plus de 350 clichés.

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    Pendant dix ans, Bert Teunissen a sillonné neuf pays, en quête de ces lieux singuliers où le temps paraît suspendu. Ses voyages l’ont conduit en Belgique, en Grande-Bretagne, au Portugal et jusque dans les coins les plus reculés d’Europe. Ses « paysages domestiques » sont toujours habités : au centre, un homme, une femme, un couple d’ancêtres, invite l’observateur à entrer dans son intimité, à visiter sa cuisine, son salon, sa chambre – des pièces toutes simples, qui n’ont pas été refaites depuis des décennies, où souvent il n’y a pas l’électricité.
    Bert Teunissen capture la lumière avec une palette et une sensibilité qui rappelle les grands maîtres hollandais, Vermeer de Delft ou Pieter de Hooch.
    Les magnifiques travaux de ce photographe de 48 ans sont exposés pour la première fois en Allemagne, au Kunstmuseum de Krefeld. Les éditions Kerber Verlag publient parallèlement à l’exposition un volume illustré avec des textes signés Bert Teunissen.
    « Metropolis » a regardé de près le photographe travailler et a visité son exposition à Krefeld.  "

    D'après Arte

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    Dans nos sociétés industrialisées, mécanisées et purement mécaniques, la vieillesse n'est pas une descente mirobolante d'un boulevard fréquenté, sous les vivats de la foule nombreuse, vers le dernier vol plané de l'au-delà: elle n'est qu'un pénible périple peu lointain sur le chemin vicinal creusé d'ornières fangeuses de la solitude.

    C'est cette solitude des âmes et des coeurs qui transparaît, au delà du dénuement ostentatoire des murs flétris des souvenirs, au travers des photographies de Bert Teunissen. Peut-être y-a-t-il aussi une impression de déjà vu, une vieille réminiscence venue des territoires de l'enfance, une photographie jaunie de figures fières, malgré tout, d'aïeux, un souvenir tout à la fois flou et vivace de mes grands-parents, un pincement au coeur aigu et diaphane, la fin d'une époque à jamais révolue, la révélation nette et précise du devenir mortuaire, oublié de tous par peur de ces pandémies sinistres que sont la vieillesse et la mort dans notre société hautement consommatrice, réalités peu porteuses en matière de marketing...

    Perdre un de ses grands-parents, c'est perdre une partie de sa jeunesse... de sa mémoire, de sa sagesse, de son humanité, de son immortalité éphémère...

    C'est aussi mettre en exergue les véritables priorités  de nos courts instants de vie, loin des chants des sirènes des vies trépidantes que nous impose la vie moderne, au sein de nos paysages domestiques...

    Doriane Purple 

  • Cadavre exquis...

    "Des gangsters tués par balles, des accidents de voiture, des grands brûlés : le photographe américain Weegee, de son vrai nom Arthur H. Fellig (1899-1968), bénéficie d'une exposition au Musée Maillol, à Paris, la meilleure jamais organisée en France.

    Depuis longtemps considéré comme un classique aux Etats-Unis pour avoir marqué l'art de son temps, le photographe s'est fait le témoin sans pudeur du New York de la Grande Dépression, secoué par la crise économique et la Prohibition : un décor nocturne et violent, peuplé de pauvres gens et jonché de cadavres.

    Vivant dans sa voiture, branché sur les fréquences de la police, Weegee vole de drame en drame et éclaire de son flash puissant cette violence qui effraye et fascine l'Amérique.

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    Mais c'est moins le fait divers lui-même qui intéresse le photographe que le voyeurisme des badauds, le détail incongru qui transfigure la scène de crime en théâtre drôle et grinçant, donne de la ville une vision poétique et fantastique.

    Observateur acéré des relations humaines, Weegee consacre aussi certaines de ses meilleures images au spectacle des inégalités sociales et raciales, dénonçant le racisme et la ségrégation, s'attendrissant sur le sort des classes populaires."

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      "Aux Etats-Unis, il y a belle lurette que Weegee, l'arpenteur sulfureux des sombres années de la Dépression, a été rangé parmi les classiques. Pourtant, c'est la première fois que le photographe américain (1899-1968) bénéficie en France d'une exposition d'importance. Et encore, pas dans une institution publique. C'est le Musée Maillol, à Paris, qui lui rend justice avec des photos issues de la collection Berinson : le lieu est certes étroit mais fait honneur à l'artiste avec 228 beaux tirages d'époque, tirés par Weegee, centrés sur ses photoreportages des années 1935-1945.


    Pourquoi ce retard ? Sans doute parce que flottent encore sur ses images des relents de scandale qui font se boucher le nez à certains. Dans un New York insomniaque et violent, secoué par la crise économique et la prohibition, le nécrophage Weegee avait fait de la mort son métier, courant la nuit à la recherche de meurtres et d'accidents pour nourrir les journaux populaires comme le New York Post ou le Daily News.

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    Weegee, son étrange surnom, lui vient du "Ouija", une planchette utilisée pour faire du spiritisme. Car le petit immigré juif élevé dans les quartiers misérables du Lower East Side flaire les catastrophes avant qu'elles n'arrivent. Une nuit, il photographie un clochard affalé sous un porche. Deux minutes plus tard, l'homme se fait renverser par une voiture..., la photo suivante montre un prêtre en train de lui administrer l'extrême-onction sur le bitume. Chaque nuit, Weegee vole de drame en drame, prenant de vitesse les autres journalistes et parfois la police. En 1938, il est autorisé à brancher la radio de sa voiture sur la fréquence de la police. Dès lors, il ne quitte plus sa belle Chevrolet qui lui sert tout à la fois de domicile, de planque et de labo. Très vite, "Weegee the Famous" impose son nom et construit son mythe, qu'il entretient dans deux livres (Naked City, 1945 et Weegee's People, 1946). Dans ses autoportraits, il se met en scène au volant, le cigare au bec, prêt à chasser le crime.

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    Face à la mort, Weegee est sans retenue, sans pudeur aucune. Il montre à l'Amérique cette violence qu'elle craint et qui la fascine. Le regard fixe des cadavres démantibulés sur la chaussée. Les "rôtis", ces hommes carbonisés dans leur voiture. Les victimes des incendies qui pleurent leurs proches. Mais surtout, la foule de curieux qui va au crime comme on va au spectacle.

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    Car c'est souvent moins l'événement que le voyeurisme qui est le sujet de ses photos : celui des badauds qui se repaissent du drame, comme celui du spectateur qui jouit de l'image.

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    Et lorsqu'un maître nageur tente de ranimer un noyé, Weegee capture surtout la coquette qui fait coucou à l'appareil. Avec un flash violent qui est sa signature et qu'il utilise même en plein jour, ou avec une pellicule à infrarouge, Weegee met à nu les émotions et révèle les instincts les plus bas. Dans l'obscurité, les brutes se ressemblent toutes, qu'elles soient du côté de la police ou de celui des truands.

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    La mort ainsi croquée devient un théâtre drôle et grinçant, où les graffitis et les inscriptions des vitrines multiplient les calembours visuels.

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    "Ajoutez juste de l'eau bouillante", dit une publicité qui orne le mur d'un immeuble en feu.

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    Weegee n'hésite pas à inverser la photo au tirage ou à souligner, dans des cadrages dignes de films noirs, le détail dramatique et insolite : le dentier qu'a perdu une défenestrée dans sa chute ou le borsalino d'un gangster.

    Mais le talent de Weegee ne se limite pas aux scènes de crime. Observateur acéré des relations humaines, il a réservé certaines de ses meilleures images au spectacle des inégalités sociales. Plusieurs dénoncent le racisme et l'injuste ségrégation qui frappent les Noirs américains (The Nigers Stink, 1943).

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    Dans sa plus célèbre image, The Critic (1943), Weegee oppose les riches et les pauvres, en montrant une critique de théâtre emperlousée qu'insulte une pauvresse... une rencontre qu'il avait lui-même provoquée. C'est très nettement aux classes populaires que va la préférence du photographe : on le verra ainsi quitter sa posture cynique pour s'attendrir un instant devant des enfants pauvres endormis en vrac sur un escalier de secours.

    En s'immergeant dans la nuit new-yorkaise, Weegee a fait surgir une ville inconnue, aussi violente que poétique, où l'on croise des clochards ivres, des gangsters, des danseuses, des stars, des gratte-ciel et des carrefours sombres. Il y a du Walker Evans dans sa façon de collectionner les signes urbains. Et ses galeries de trognes, dont beaucoup ont été capturées dans son bar préféré, le Sammy's, ne sont pas sans rappeler les futurs portraits de Diane Arbus.

    Les images de Weegee ont compté aussi bien pour les films de Francis Ford Coppola que pour les sérigraphies d'Andy Warhol. Preuve qu'on peut être spécialisé dans le reportage de faits divers et marquer durablement l'art de son temps."

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    D'après Le Monde du 21 juin 2007

    En ces soirées sombres, les journaux télévisés ont-ils la même problématique poétique, sociale, esthétique et philosophique en nous montrant à longueur de temps des cadavres bien peu exquis? J'en doute...

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    Petite remarque: j'ai découvert que la pochette de l'album de George Michael "Listen without prejudice volume 1" de 1990 devait certainement être illustrée par une photographie de Weegee. C'est tout à la fois déconcertant et marrant...

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    En vérifiant sur le dit album, il s'avère que c'est bien une photographie de Weegee datant de 1940, intitulée "Crowd at Coney Island", ce qui, vu l'oeuvre du photographe et sa philosophie sociale, tendrait à illustrer parfaitement le titre de l'album et plus généralement l'oeuvre de George Michael...

    Doriane Purple