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  • Résurrection...

     



    Chris Cornell qui gratte lascivement, à mes tympans ensanglantés depuis si longtemps, cette fin d’année de ma libération provisoire et de ma peine perpétuelle….

    Images sonores déchues d’un passé inaltérable dans un présent approximatif… Lumières feutrées et jaunies d’un soleil intérieur qui brûle mes chairs, mon coeur et mon âme pour ne laisser qu’un trou noir toujours plus vaste et fastueux...

    Cependant, à force d’immobilisme et d’attente désabusée et faute de combustibles, le feu s’apaise peu à peu . Ce ne sont alors que cendres et poussières dans cette immense cathédrale vide que l’on appelle corps, éclairée de-ci, de-là de braises ténues. Voilà brusquement qu’un vent violent, mais bénéfique, embrase les contours pourrissants de l’édifice chancelant, repoussant les miasmes méphitiques vers un lointain incertain. Sur ses restes disloqués, il est alors temps de construire de nouveau un avenir solide.

    Il en est ainsi de la résurrection, il ne peut en être qu’ainsi : une renaissance fragile dans la douleur de l’auto-enfantement , auréolée du crépuscule d’une vie qui s’achève, immolée sur l’autel d’une nouvelle destinée, d’un sacrifice qui engendre un miracle incertain ondoyant sous une peau nouvelle, une mue ophidienne au caractère tragique.

    Tel est le destin du Christ athée que je puis être. Ecartèlement des sentiments contradictoires. Fin de ma jeunesse frivole et début de ma vieillesse débridée.

    Trente-trois ans, âge de la résurrection non attendue, âge de l’absolution non convoitée. Comme un cataclysme profond de la Nature, comme une résolution de notre nature profonde, cette résurrection christique m’a été envoyée durant l’hiver de mes trente-trois ans. Choc émotionnel de mes dix-huit ans fourvoyés dans la roue inexorable du temps. J’ai changé, Elle aussi. Le temps a passé… Nous sommes seuls responsables de notre propre déchéance et de notre propre fin….

    Je suis mort ! Je suis vivant ! Tant de jours, de semaines, de mois, d’années à attendre une illusion à jamais perdue… Une nouvelle vie s’offre  enfin à moi : nouvelle, belle et pourtant cette fois-ci définitivement mortelle.

    Mais pouvons-nous véritablement faire table rase de notre passé?...

    Doriane Purple

  • Portes du passé...

    Fulgurance des souvenirs…

    Accolé dans le siège d’un vieux bus scolaire, le corps recroquevillé dans la chaleur flétrie de mon pull, la tête évanouie dans le froid hivernal des paysages qui flottent au delà de ma sensibilité, je m’évanouis d’un sommeil presque maladif dans cette nuit naissante, balloté tout à la fois par le cahot acéré de la route verglacée et par les rumeurs verbales amoindries des conversations intérieures. C’est ma dernière année de lycée, ma dernière année de liberté paradoxale, mon dernier sursis vers cette vie d’adulte si compromettante et si compromise qui me tend  les bras à corps perdu. Je sens déjà le poids trop important que tous veulent me faire porter. Je me sens déjà vieux, si vieux devant cet avenir triste et terne, si empreint de compromis et de compromissions, si exigu par son carcan figé de bienséances amidonnées, de faux-semblants édulcorés de sourires de circonstance. Je ne suis pourtant qu’en terminale, mais n’est-ce pas la phase terminale de mon enfance, l’agonie de ma spontanéité, la veillée funèbre de mon enthousiasme ? Des premières discutent devant moi dans la travée d’enfance, ou plutôt d’en face, séparées de moi par une éternité d’une année à peine. La vivacité de l’éclat de leur voix tranche avec l’amertume de mon regard voilé. Ces jeunes filles jettent à ma face ridée leur joie de vivre insane. Elles s’épanchent lassivement sur l’atmosphère magnétique du film The Doors pour lequel elles ont couru vers les salles obscures du silver screen dans un élan juvénile et de manière primordiale éminemment hormonal. Elles ont le film dans la peau, à fleur de peau, sur leur peau au caractère entier. Et moi, à ce moment précis, je ne peux les comprendre… Comment s’enflammer pour une période révolue qu’elles n’ont pas connue, pour un homme bouffi par la drogue et la fatuité de son image criante, pour un art musical sorti d’outre-tombe, pour une figure emblématique qui fait de nouveau surface dans un déballage médiatique équivoque et tapageur… Ce n’est qu’une dizaine d’années après, cheminant moi-même contradictoirement dans le sens contraire du temps, que j’ai compris ces jeunes filles de ma mémoire lycéenne et que j’ai retrouvé mes vrais 17 ans… Et depuis je les cherche chaque jour de ma satanée vie dans les bribes du petit écran…

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    Perte de gravité...

     

    Dorian(e) Purple

  • Carnet de voyages immobiles

     

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    Parisien en Amérique, je ne suis que le reflet flou et inversé d’un Américain à Paris. Je ne suis qu’un visage bien pâle apercevant des bribes flashy d’Amérique par le kaléidoscope aux miroirs déformants de la terre atlante submergé qu’est l’Océan Atlantique. Tout est en XXL : les voitures, les buildings, les territoires, les paysages, les Big Macs, les cieux religieux, les dreams, les désillusions, les dollars, même les personnes… Je reste pour ma part dans le camp des filiformes, des anorexiques, des petits formats, des sans-appétits, des maigrichons, des faibles, des indiens enfantins qui l’ont toujours été par choix et qui se font massacrer par des petits desperados racistes sous couvert de la loi de leur étoile factice de sheriffs. Je suis un Sioux, je suis un Cheyenne, je suis un Apache, je suis un Comanche, je suis un Huron, je suis un Navajo, je suis un Cherokee, je suis un Crow à l’âme noire, je suis un Iroquois à la crête sanglante, je suis le dernier des Mohicans, je suis le dernier des Peaux-Rouges,
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    un survivant au tomahawk dressé en l’air, inutile, lorsque le Vieux Continent détruit le Nouveau Monde, lorsqu’il abat par la rougeole, par les armes à feu, par l’eau de feu, par les cadeaux frelatés, par les promesses trompeuses, par les haines fratricides, ma lignée, mes peuples, mes mœurs, mes origines, mon histoire. Je me revendique de cette Amérique-là, originelle et multiculturelle, je suis un Amérindien doucereusement amer dressé à Big Mountain . Je suis un chaman sans manne. Je suis le cœur du tonnerre, je suis Thunderheart.
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    Riders on the Storm. There are killers on the road ! Mes larmes du souvenir s’effacent peu à peu dans la pluie du temps. J’ai entr’aperçu le Light Side of Darkness ou même le Light Side of the Devil. Merlin, le devin visionnaire et prophétique n’était-il pas lui-même le fils du Diable ? D’autres, germanophones, parleraient de Lyserg Säure Diäthylamid… J’ai eu les visions magiques du Roi Lézard messianique régnant sur ses futurs iguanes. J’ai vu des futurs impossibles, des présents irréels, des passés illusoires à travers ses portes fantasmagoriques. There are things known and there are things unknown and in between are the Doors. J’ai vu des rêves psychédéliques d’adolescentes et des cauchemars ternis d’adultes.
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    J’ai vu des visites extatiques et mortuaires, mouillées et sèches, devant ma dernière chaise où je me suis couché, Eros et Thanatos dansant sauvagement sur ma tombe en allumant ma dernière cigarette de condamné damné en me criant, tout en me décrivant et me décriant ironiquement : Light my fire ! J’ai vu mes soixante-deux ans venir et les quarante ans de la première ouverture de mes portes au monde s’échouer sur la plage de la planche à billets cette année. J’ai vu mon remplacement, comme pour mon fils spirituel Michael Hutchence,
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    par une sombre copie commerciale. Je suis pourtant irremplaçable!
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    Je demeure à jamais irremplaçable ! Il ne peut y avoir The 21st Century Doors sans moi ! Mais ne dit-on pas que les irremplaçables jonchent les cimetières ? Je suis resté dans le crépuscule du siècle dernier sans voir l’aube du chemin parcouru par l’impact de ma poésie et de ma musique. Peut-être aussi que ma mort passionnelle a plus contribuer à mon œuvre que mon vivant platoonique.
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    This is the end, my friend, this is the end, my only friend, the end. Je suis Jim et je suis mort. Je suis Val et je suis encore vivant.
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    Doriane Purple