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Rock - Page 5

  • Vive l'humour métal qui fait grincer des dents à certains!


    « Un jour, Greil Marcus se penchera sérieusement sur les conséquences épistémologiques de la victoire de Lordi à l'Eurovision 2006.
    En attendant, il faut revenir de toute urgence sur le style de ce groupe de heavy metal finlandais. Le plus customisé du moment. Le plus controversé aussi. Dans l'histoire de l'Eurovision au moins. Jugez plutôt. Le chef de l'Eglise orthodoxe grecque a aussitôt qualifié Lordi de bande de «monstres» et de «satans».
    Deux groupes conservateurs grecs, l'Union des femmes scientifiques et le Centre de coordination de l'hellénisme, ont réclamé son élimination pure et simple avant le concours. Heureusement, leur ville d'origine, la capitale de la Laponie et patrie du Père Noël, donnera leur nom à une place du centre. Pourquoi tant de violence et passion sauvage ? Pour résoudre cette nouvelle énigme média-mythique, revenons à l'instant décisif de leur apparition mondiale. «Arrêt sur images» à la Schneidermann. Ou revue détaillée façon nouveaux Inrocks dans leur rubrique «Style». Si Lordi sidère son monde, au premier comme au vingt-huitième degré, ce samedi soir 20 mai, c'est avant tout pour leur look et leur son. Transgression de la traditionnelle doxa eurosoupe. Autant Marie «Comme un enfant» Myriam ou Virginie Pouchain incarnaient la candidate typique de l'Eurovision. Soit une figure masse culturelle de la sainteté, chantant guimauve oecucuménique. Autant les affreux Lordi représentent exactement l'autre bout du spectre. Soit un gloubigoulga satano-métallique qui, après avoir fait peur aux enfants, doit révéler le monstre gentil qui est en lui. Inventorions ensemble leur arsenal «relooking extrême». Par ordre d'apparition. C'est parti . Platform shoes géantes en titane expansé volées à Kiss ; aile mécanique Clément Ader se déployant sur commande dans le dos du chanteur ; borborygmes et sons gutturaux, certifiés d'origine finlandaise, mâtinés d'anglais et de râles allemands Rammstein. Vue d'ensemble possible en partouze intergalactique : une jolie Nazgul (le Seigneur des anneaux) se fait attraper par des Klingon (Star Trek), tandis que des Berg (Moebius, le Cinquième Elément) matent tapis dans l'ombre. Au bar (de Tatooine, Star Wars), le gardien-porc de Jabba le Hut (Star Wars, Le Retour du Jedi) manque de se faire latter par le Rankor, monstre des bas-fonds du palais de Jabba le Hut (toujours lui). Emballons l'orgie dans une pyrotechnie empruntée au comité des fêtes de Juan-les-Pins. Pour finir, sortons le titre victorieux, Hard Rock Alleluia, de l'accélérateur de particules où il était bombardé de bozons de Twisted Sister et de quarks Cradle of Filth. Maintenant, vous pouvez respirer. Fermer toutes les fenêtres. Et éteindre enfin Lordi." »

    D’après Emmanuel PONCET, http://www.liberation.fr



    « Pour la première dans l'histoire de l'Eurovision un groupe de heavy-metal, les Finlandais de Lordi, a remporté dans la nuit du samedi 20 mai à Athènes cette grande messe télévisuelle où s'illustrent en général les chanteurs de charme et les groupes pop. "Un groupe de rock déguisé en monstres remporte l'Eurovision. C'est la victoire du rock et de l'ouverture d'esprit. C'est aussi la preuve qu'il n'y a pas que la pop et les ballades", a déclaré au cours d'une conférence de presse le chanteur et leader du groupe, "Mr Lordi".

    Grimés en créatures de film d'épouvante, avec cornes, dents acérées et griffes au bout des doigts, vêtus d'armures ou de bandages, les cinq membres du groupe ont donné sur scène une prestation grand-guignol servie par une débauche d'effets pyrotechniques. "Des ailes dans mon dos/Des cornes sur ma tête/Mes crochets sont acérés/Et mes yeux sont rouges (...) Maintenant choisis de nous rejoindre/Ou vas tout droit en enfer", proclame leur titre "Hard rock alléluia", un rock à la fois lourd et mélodique.
    Leur présence à l'Eurovision avait heurté des petits groupes conservateurs grecs qui avaient réclamé leur retrait de la compétition au motif qu'ils "cultivent et justifient le satanisme et sapent les fondements de la culture européenne et grecque". En vain.

    Leur victoire, attribuée à la suite d'un vote par téléphone des téléspectateurs de 38 pays est éclatante : avec 292 points ils arrivent loin devant la Russie, deuxième avec 248 points pour le chanteur Dima Bilan et son titre pop "Never let you go". La Bosnie-Herzégovine est troisième avec 229 points pour le chanteur Hari Mata Hari et sa chanson d'amour "Lejla".
    Même les téléspectateurs de Grèce ont donné le maximum de points - 12 - au groupe Lordi. Les membres de Lordi viennent de la minorité lapone de Finlande. Leur chanteur, au sens de l'autodérision affirmé, avait déclaré avant la compétition : "Nous sommes à l'Eurovision un peu comme des mangeurs de viande dans un café végétarien". »

    D’après http://www.lemonde.fr


     

  • Rock bis

    Ecran sombre. Silence soudain et angoissant. Alternance d'ombres luminescentes et de sombres flashs. Les murs se flétrissent comme la peau agonisante d'un lépreux. Des gouttes noires de crasse et de désespoir suintent du plafond défoncé. Une lampe aux reflets rouges étend son aura fantomatique dans un coin de la pièce délabrée. Une bibliothèque au bois noir recelant quelques livres poussiéreux, ricane de toutes ses dents jaunies à la vue de ce spectacle affligeant et grotesque. Un masque à la fureur démoniaque semble suspendu dans l'air vicié par la puanteur et les fumerolles des encens. Les éclairs suscités par le courroux des éléments donnent vie au regard foudroyant du visage terreux. Un lit, étripé par la violence des cauchemars de la nuit, gît là, pantelant. Le sol est un tapis mouvant d'objets hétéroclites plus ou moins animés : vieux papiers froissés, assiettes fendues, clous rouillées, dents ébréchées, cafards grouillants, déjections immondes de rats... De noires bougies trônent sur un tabouret branlant. Au milieu de ce morbide chaos, souffle une musique aux accents névralgiques. Un être en transe s'agite frénétiquement dans une danse macabre. Bonds spasmodiques, bras incontrôlables battant l'air comme deux haches de guerre vivantes. Veste de cuir ouverte laissant transparaître un torse couvert de cicatrices et tatoué de symboles mystérieusement effrayants. Collier d'acier forgé, collier d'esclave sans maître. Bouts d'acier sacrificiel transperçant les chairs. Néo-punk technomaniaque à double crête : rouge, couleur du sang et violet, couleur de la folie. Yeux exorbités par l'effroi et par la jouissance extatique du mouvement et du bruit musical. Pieds ensanglantés par les chaudes échardes du plancher en décomposition. Douleur d'ivresse mentale, douleur violemment vive et vivante. Souffle, souffle court, souffle haletant. Breathe...Tourbillon, cyclone des points cardinaux. Visions hallucinatoires des portes de l'Au-delà. Bruit saccadé, omniprésent. Crépuscule des anges déchus. Solitudes emplies de démons sautillants. Chaos de trou noir. Chaos de la résurrection. Chaos de la renaissance et du souffle... Silence serein et soudain... Gravité des corps... Néant... Prodigy. Serait-ce un prodige ?

     

    http://www.mcm.net/musique/player/23241/

     

    Doriane Purple

     

  • La Cigale: pour les anciens habitués (Manspach notamment)…

    Des grappes humaines explosent sous l’action d’une main brutale et invisible. Des corps se prennent pour des Supermen décalés, volant au-dessus des trépidations sismiques de la foule hystérique. Sur la piste de danse exigue, un groupe de jeunes excités agite son mal de vivre en se secouant gaiement. Cris vindicatifs des guitares électriques.  Rage de la jeunesse refoulée. Rage de vivre. Rage d'être vivant. Les corps s'extirpent de leur gravité pour mieux voler, fulminer, s'entrechoquer dans un bruit vital. Le maître mot est vie, vie, vie ! ! ! La douleur n'est plus rien, seul le rythme et les décibels à outrance comptent. Les corps et les âmes se fusionnent dans cette musique noisy dans le but de tout oublier. L'oubli, c'est le but récurrent qu'ânonne cette foule de corps tremblants. C'est le leitmotiv plénier. Marée humaine rafraîchissante, basculée de droite à gauche, la vision se limitant à apercevoir des flashs parcellaires, l'esprit se laissant aller à l'oubli total. Sensations intenses et uniques. Quel bonheur d'oublier sa vie, quel bonheur d'oublier sa mort ! Maelström humain, flot de corps à la dérive se portant l'un l'autre un instant, puis se noyant le moment d’après dans un pogo monstrueux : des cheveux tournoyants, des yeux révulsés, des bras inertes, des corps pris de frénésies fiévreuses, des souffles haletants. Saturation du son, bruit confus de luttes amicales, sueur collant les cheveux sur les tempes, sourires crispés sur un solo déchirant de guitares électriques. Regards amusés et voix cassées d’icônes du Rock : Jim Morrison, Michael Hutchence, Kurt Cobain, Chris Cornell, Marilyn Manson…

     

     

     

    La Cigale, boîte sundgauvienne de Magny, cachée dans une ancienne ferme de village, pilotée par Walter, son amène patron et son staff débonnaire, laisse entrevoir cette douce folie. Enfin une boîte où l’on peut se prendre pour un clone déjanté et trash de Zébulon et, dans un énorme tremblement de terre, vomir tripes et boyaux, énergiquement parlant, même si, parfois, sous les coups répétés de l’alcool, la réplique sismique physique, ne tarde pas à suivre…

    Doriane Purple