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Doriane Purple - Page 9

  • About a guy...

    KURT COBAIN : ABOUT A SON

     

    AJ Schnack - documentaire USA 2006 1h35mn VOSTF - D’après les entretiens réalisés par Michael Azzerad pour le livre Come as you are : The story of Nirvana..

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    "C’est quoi cette arnaque ? Un documentaire sur Kurt Cobain, le leader de Nirvana, sans presque aucune image de Kurt Cobain, et sans même la musique de Nirvana ? Allez, calme-toi mon(ma) jeune ami(e) ! Parce que, bien au-delà des apparences, Kurt Cobain : about a son est probablement le truc le plus intelligent réalisé sur le chanteur, à mille lieues des scandales et des polémiques sur sa fin tragique et ses relations houleuses avec la belle et déjantée Courtney Love. Le film est entièrement construit à partir de vingt cinq heures d’entretiens audio réalisés (essentiellement la nuit sur la table de cuisine du chanteur) pour le livre incontournable de Michael Azzerad, le tout porté par les images des lieux qui ont marqué la jeunesse et les débuts de Kurt Cobain et de Nirvana, avec en bande son toutes les musiques qui ont construit l’imaginaire sonore de Cobain, depuis Queen jusqu’à la scène punk américaine et européenne.
    On rentre ainsi peu à peu dans l’intimité du chanteur et on a l’impression de comprendre, à la manière d’un puzzle qui se construit pièce après pièce, toutes les clés de ce qui a fait l’unicité de Nirvana et la singularité de son chanteur devenu icône.

    On ne va pas vous présenter Kurt Cobain et Nirvana tout de même ? Allez on a pitié des plus jeunes (c’est vrai que Kurt a eu la mauvaise idée de se foutre un coup de carabine en 1994, ça fait déjà quatorze ans) ou de ceux qui auraient été cryogénisés au début des années 90, quand un petit bouseux timide venu du Grand Ouest américain (Seattle, tout en haut à gauche à côté du Canada) a imposé un truc étrange musicalement, mélange de punk sauvage et de pop suave tout à l’image de lui qui était tout en violence et douceur enfantine. Il a aussi imposé un style, et une mode, le grunge, qui a permis à tous ceux qui étaient fauchés, portaient des jeans troués, des baskets défoncées et des sweats informes ou des chemises de bûcheron d’être soudainement super hype.


    Le documentaire de AJ Schnack (c’est terrible ce nom qui claque comme une marque de céréales) suit tout l’itinéraire de cet adolescent tourmenté né dans une famille pas super terrible, au trou du cul de l’Amérique : Aberdeen, non pas en Ecosse mais dans l’Etat de Washington, avec pour seul avenir possible un boulot dans une scierie. Avec cette aspiration d’adolescent blanc paumé et fauché, tout droit sorti d’un film de Gus Van Sant, d’être un gars différent au lycée sans vraiment y parvenir. Puis ce sera le voyage vers Olympia, la ville bohême où il devient SDF plus ou moins heureux et où il découvre la scène punk, la liberté, le sexe, la drogue. La drogue, il en est question évidemment, et sans complaisance, ni faux repentir : Cobain a grandi avec la drogue, avant tout comme substitut à ses douleurs psychologiques et physiques qui ont pourri toute sa courte vie.

    Et face à la fascinante confession audio de Kurt Cobain, les images des lieux qu’ils a fréquentés se succèdent avec un travail plastique passionnant, le film étant divisé en trois parties correspondant aux trois villes où il a vécu : Aberdeen la verte et organique ville forestière, Olympia la pop et colorée ville de toutes les découvertes et Seattle enfin, la mégalopole minérale où Nirvana est parvenu au succès mondial, le tout servi par les photographies magnifiques de Charles Peterson. Et plus l’image vire au noir et blanc, plus on sent la dépression envahissante de Kurt, et la fin tragique et inexorable qui s’approche, laissant plein de mystères et de non-dits sur un destin qui a rejoint la grande légende sanglante du rock’n roll."

     


    D'après Utopia
  • Etat de grâce…

    Rire cristallin et juvénile de ma jeunesse rêvée et adorée…
    Elle est là sous mes yeux, tendre et éclatante, fragile et éphémère, divine et infinie… Son rire brise avec éclat le pare-brise sombre de la nuit froide et ses yeux fulminants d’une vitalité insensée transpercent mon petit cœur d’enfant timide jusqu’aux tréfonds de mes années 80.
    Un air doucereusement lancinant de Chris Rea émergeant de l’antique juke-box, éclabousse, tel un jus de fruit frais, nos visages soudainement lumineux dans ce cockpit de voiture, nous transportant à toute vitesse vers un passé intrinsèque …
    Plaisirs chaleureux de l’été dans la froidure de l’hiver qui tombe déjà en lourds flocons de neige…
    Je sais que je la perdrais un jour mais, en attendant, je savoure avec amour ses instants d’éternité qu’elle me prodigue avec ferveur.

     

     

    Doriane Purple

  • Eloge de l'oubli hellénique...

    "Les heurts entre une police violente et une extrême gauche aguerrie sont réguliers en Grèce. En novembre 1973, la féroce répression de manifestations étudiantes avait sonné la fin de la dictature des colonels. En 1985, des émeutes anarchistes avaient éclaté dans le quartier d’Exarchia à Athènes, après l’assassinat par la police d’un lycéen. La mort en 1991 d’un professeur lors d’une manifestation avait suscité des violences. En 1995 et 1999, les commémorations du soulèvement de 1973 ont dégénéré. Les derniers heurts remontent à 2003, durant un sommet européen."

    D'après Libération du 8 décembre 2008

     

     

  • Contraste de couleurs...

    Un noir à la Maison-Blanche

    "Interview

    Selon Pap Ndiaye, historien spécialiste des questions relatives aux populations noires en France et aux Etats-Unis, l'élection de Barack Obama est un symbole positif mais ne signifie pas que les inégalités entre Blancs et Noirs vont disparaître.

    45% seulement des Blancs ont voté pour Obama. C’est une sorte d’échec pour lui?

    Non, parce que c’est un score archi-normal pour les démocrates qui sont élus, que ce soit Carter, Clinton ou Obama. Si le chiffre avait été supérieur, ça aurait été une révolution.

    Quel est le statut de la question raciale aux Etats-Unis après cette campagne et cette élection ?

    Cette élection est une bonne nouvelle pour les relations raciales aux Etats-Unis. Qu’un homme qui est considéré comme noir soit élu, c’est tout de même remarquable. Mais les inégalités - qui s’accroissent par ailleurs - ne sont pas que de classes, qu’entre riches et pauvres. Il y en a aussi entre Blancs et Noirs, en termes d’éducation, d’accès au travail et aux soins. Le système judiciaire est également biaisé en défaveur des Noirs. Etre noir est toujours un handicap social après l’élection d’Obama. On n’est donc pas passé comme certains voudraient le faire croire à une société post-raciale. Une société post-raciale est une société où la race ne compte plus mais pas seulement pour le président! Il faut se garder de toute vision trop angélique sur ce point. Les Américains ne passent pas en un instant de la nuit à la lumière.

    Obama n’a-t-il pas fait de la question raciale un non-sujet durant la campagne, exception faite du discours de Philadelphie en mars?

    Il a plutôt évité le sujet. Il a pris soin de ne pas se présenter comme le candidat des Noirs. A tel point qu’on a pu considérer qu’il négligeait la question. Au début, ça lui a même été reproché par certains hommes politiques et intellectuels noirs. Mais avec les perspectives de victoire, d’abord aux primaires, puis à l’élection finale, ceux-ci n’ont pas boudé leur plaisir. Ils ont fait contre mauvaise fortune bon cœur. En 1984 et 1988, Jesse Jackson avait lui été le candidat de la communauté noire. C’est la raison pour laquelle il n’a pas dépassé les primaires.

    Quelle signification revêt cette élection pour la population noire de France?

    Il y a une portée symbolique, c’est évident. Il y a naturellement un processus d’identification pour les Français d’origine africaine. Ce nouveau président leur est plus proche que les habituels présidents américains blancs. Mais ça nous oblige à réfléchir à la situation française. Si l’on pose la question sans détours, cela donne: «Y a-t-il un Obama français?» La réponse est non. Cela montre de façon spectaculaire la sous-représentation des Noirs en France. La comparaison avec les Etats-Unis n’est pas à l’avantage de l’hexagone."

    D'après Libération du mercredi 5 novembre 2008

    Un homme de couleur n'avait-il pas pris le contrôle de la Maison-Blanche auparavant? Mais est-ce que les petits hommes verts comptent vraiment?...


    Doriane Purple

     

     

  • Résurrection...

     



    Chris Cornell qui gratte lascivement, à mes tympans ensanglantés depuis si longtemps, cette fin d’année de ma libération provisoire et de ma peine perpétuelle….

    Images sonores déchues d’un passé inaltérable dans un présent approximatif… Lumières feutrées et jaunies d’un soleil intérieur qui brûle mes chairs, mon coeur et mon âme pour ne laisser qu’un trou noir toujours plus vaste et fastueux...

    Cependant, à force d’immobilisme et d’attente désabusée et faute de combustibles, le feu s’apaise peu à peu . Ce ne sont alors que cendres et poussières dans cette immense cathédrale vide que l’on appelle corps, éclairée de-ci, de-là de braises ténues. Voilà brusquement qu’un vent violent, mais bénéfique, embrase les contours pourrissants de l’édifice chancelant, repoussant les miasmes méphitiques vers un lointain incertain. Sur ses restes disloqués, il est alors temps de construire de nouveau un avenir solide.

    Il en est ainsi de la résurrection, il ne peut en être qu’ainsi : une renaissance fragile dans la douleur de l’auto-enfantement , auréolée du crépuscule d’une vie qui s’achève, immolée sur l’autel d’une nouvelle destinée, d’un sacrifice qui engendre un miracle incertain ondoyant sous une peau nouvelle, une mue ophidienne au caractère tragique.

    Tel est le destin du Christ athée que je puis être. Ecartèlement des sentiments contradictoires. Fin de ma jeunesse frivole et début de ma vieillesse débridée.

    Trente-trois ans, âge de la résurrection non attendue, âge de l’absolution non convoitée. Comme un cataclysme profond de la Nature, comme une résolution de notre nature profonde, cette résurrection christique m’a été envoyée durant l’hiver de mes trente-trois ans. Choc émotionnel de mes dix-huit ans fourvoyés dans la roue inexorable du temps. J’ai changé, Elle aussi. Le temps a passé… Nous sommes seuls responsables de notre propre déchéance et de notre propre fin….

    Je suis mort ! Je suis vivant ! Tant de jours, de semaines, de mois, d’années à attendre une illusion à jamais perdue… Une nouvelle vie s’offre  enfin à moi : nouvelle, belle et pourtant cette fois-ci définitivement mortelle.

    Mais pouvons-nous véritablement faire table rase de notre passé?...

    Doriane Purple

  • Portes du passé...

    Fulgurance des souvenirs…

    Accolé dans le siège d’un vieux bus scolaire, le corps recroquevillé dans la chaleur flétrie de mon pull, la tête évanouie dans le froid hivernal des paysages qui flottent au delà de ma sensibilité, je m’évanouis d’un sommeil presque maladif dans cette nuit naissante, balloté tout à la fois par le cahot acéré de la route verglacée et par les rumeurs verbales amoindries des conversations intérieures. C’est ma dernière année de lycée, ma dernière année de liberté paradoxale, mon dernier sursis vers cette vie d’adulte si compromettante et si compromise qui me tend  les bras à corps perdu. Je sens déjà le poids trop important que tous veulent me faire porter. Je me sens déjà vieux, si vieux devant cet avenir triste et terne, si empreint de compromis et de compromissions, si exigu par son carcan figé de bienséances amidonnées, de faux-semblants édulcorés de sourires de circonstance. Je ne suis pourtant qu’en terminale, mais n’est-ce pas la phase terminale de mon enfance, l’agonie de ma spontanéité, la veillée funèbre de mon enthousiasme ? Des premières discutent devant moi dans la travée d’enfance, ou plutôt d’en face, séparées de moi par une éternité d’une année à peine. La vivacité de l’éclat de leur voix tranche avec l’amertume de mon regard voilé. Ces jeunes filles jettent à ma face ridée leur joie de vivre insane. Elles s’épanchent lassivement sur l’atmosphère magnétique du film The Doors pour lequel elles ont couru vers les salles obscures du silver screen dans un élan juvénile et de manière primordiale éminemment hormonal. Elles ont le film dans la peau, à fleur de peau, sur leur peau au caractère entier. Et moi, à ce moment précis, je ne peux les comprendre… Comment s’enflammer pour une période révolue qu’elles n’ont pas connue, pour un homme bouffi par la drogue et la fatuité de son image criante, pour un art musical sorti d’outre-tombe, pour une figure emblématique qui fait de nouveau surface dans un déballage médiatique équivoque et tapageur… Ce n’est qu’une dizaine d’années après, cheminant moi-même contradictoirement dans le sens contraire du temps, que j’ai compris ces jeunes filles de ma mémoire lycéenne et que j’ai retrouvé mes vrais 17 ans… Et depuis je les cherche chaque jour de ma satanée vie dans les bribes du petit écran…

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    Perte de gravité...

     

    Dorian(e) Purple

  • Carnet de voyages immobiles

     

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    Parisien en Amérique, je ne suis que le reflet flou et inversé d’un Américain à Paris. Je ne suis qu’un visage bien pâle apercevant des bribes flashy d’Amérique par le kaléidoscope aux miroirs déformants de la terre atlante submergé qu’est l’Océan Atlantique. Tout est en XXL : les voitures, les buildings, les territoires, les paysages, les Big Macs, les cieux religieux, les dreams, les désillusions, les dollars, même les personnes… Je reste pour ma part dans le camp des filiformes, des anorexiques, des petits formats, des sans-appétits, des maigrichons, des faibles, des indiens enfantins qui l’ont toujours été par choix et qui se font massacrer par des petits desperados racistes sous couvert de la loi de leur étoile factice de sheriffs. Je suis un Sioux, je suis un Cheyenne, je suis un Apache, je suis un Comanche, je suis un Huron, je suis un Navajo, je suis un Cherokee, je suis un Crow à l’âme noire, je suis un Iroquois à la crête sanglante, je suis le dernier des Mohicans, je suis le dernier des Peaux-Rouges,
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    un survivant au tomahawk dressé en l’air, inutile, lorsque le Vieux Continent détruit le Nouveau Monde, lorsqu’il abat par la rougeole, par les armes à feu, par l’eau de feu, par les cadeaux frelatés, par les promesses trompeuses, par les haines fratricides, ma lignée, mes peuples, mes mœurs, mes origines, mon histoire. Je me revendique de cette Amérique-là, originelle et multiculturelle, je suis un Amérindien doucereusement amer dressé à Big Mountain . Je suis un chaman sans manne. Je suis le cœur du tonnerre, je suis Thunderheart.
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    Riders on the Storm. There are killers on the road ! Mes larmes du souvenir s’effacent peu à peu dans la pluie du temps. J’ai entr’aperçu le Light Side of Darkness ou même le Light Side of the Devil. Merlin, le devin visionnaire et prophétique n’était-il pas lui-même le fils du Diable ? D’autres, germanophones, parleraient de Lyserg Säure Diäthylamid… J’ai eu les visions magiques du Roi Lézard messianique régnant sur ses futurs iguanes. J’ai vu des futurs impossibles, des présents irréels, des passés illusoires à travers ses portes fantasmagoriques. There are things known and there are things unknown and in between are the Doors. J’ai vu des rêves psychédéliques d’adolescentes et des cauchemars ternis d’adultes.
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    J’ai vu des visites extatiques et mortuaires, mouillées et sèches, devant ma dernière chaise où je me suis couché, Eros et Thanatos dansant sauvagement sur ma tombe en allumant ma dernière cigarette de condamné damné en me criant, tout en me décrivant et me décriant ironiquement : Light my fire ! J’ai vu mes soixante-deux ans venir et les quarante ans de la première ouverture de mes portes au monde s’échouer sur la plage de la planche à billets cette année. J’ai vu mon remplacement, comme pour mon fils spirituel Michael Hutchence,
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    par une sombre copie commerciale. Je suis pourtant irremplaçable!
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    Je demeure à jamais irremplaçable ! Il ne peut y avoir The 21st Century Doors sans moi ! Mais ne dit-on pas que les irremplaçables jonchent les cimetières ? Je suis resté dans le crépuscule du siècle dernier sans voir l’aube du chemin parcouru par l’impact de ma poésie et de ma musique. Peut-être aussi que ma mort passionnelle a plus contribuer à mon œuvre que mon vivant platoonique.
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    This is the end, my friend, this is the end, my only friend, the end. Je suis Jim et je suis mort. Je suis Val et je suis encore vivant.
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    Doriane Purple

  • Black hole sun...

     



    A déguster délicieusement avec un Vesper Martini en attendant fin octobre...


  • Le pouvoir Dacia...

    "Dacia : après la grève, chacun fait ses comptes

    Roumanie . Les salariés ont obtenu gain de cause, mais après presque trois semaines de grève, la solidarité reste nécessaire.

    Ils ont tenu presque trois semaines, quand la précédente « grosse grève » avait duré trois jours : le travail a commencé à reprendre, vendredi, à l’usine Dacia de Pitesti en Roumanie après un mouvement sans précédent. Le Syndicat automobile de Dacia exigeait une revalorisation mensuelle de 148 euros brut, les salariés ont obtenu 97 eros (quasi le double de ce que leur proposait la direction aux premiers jours du conflit). Et « 70 % des salariés étant d’accord avec la proposition », selon le leader du syndicat, ces derniers ont cessé leur mouvement et l’usine devrait reprendre un rythme normal à partir d’aujourd’hui.

    Les grévistes, dont le mouvement a remporté l’adhésion et de la population de la région et des Syndicats automobiles européens, ont remporté une belle victoire, et pour eux et pour les rapports sociaux en Europe, signant la fin du mythe d’un pays « facile » où les multinationales ont les coudées franches.

    L’administration de l’usine avait d’ailleurs mis l’accent sur ce point, envoyant aux salariés une lettre au premier jour de la grève pour leur rappeler, l’air de rien, que le Groupe Renault possède des usines ailleurs dans le monde, dont au Maroc, en Russie et bientôt en Inde, destinées à être toute aussi productives que celle implantée en Roumanie. Le chantage n’a pas fonctionné, pas plus que le recours en justice pour tenter de s’appuyer sur une législation très contraignante pour les grévistes. Le mouvement a été reconnu légal, mercredi, par le tribunal de Pitesti, deux jours avant que la direction ne se décide finalement à prendre au sérieux les revendications du syndicat.

    Une obstination qui a coûté cher à Renault, au point qu’il est difficile de ne pas lire dans la fermeté de la direction une volonté d’étouffer des revendications qui pourraient gagner d’autres secteurs, et d’autres usines dans le monde. Jeudi, une « source proche du groupe » avançait le chiffre de cinquante millions d’euros de pertes pour Renault en raison du conflit, un chiffre en conformité avec les calculs de plusieurs analystes. Et pourtant évaluée à 13 millions d’euros par Christian Esteve, membre du comité de direction de Renault et président du conseil d’administration de Dacia. Un chiffre qui prend une dimension nouvelle au regard de ce que représentent les revalorisations salariales pour le groupe.

    Les salariés vont devoir trimer pour permettre à leur usine de rattraper son retard avant la fin du mois, comme le souhaitent les syndicats. En cette période des Pâques orthodoxes, cinq jours devaient être chômés en avril. Ils ne le seront pas. Et les salariés seront également mis à contribution un samedi et un dimanche au cours du mois pour rattraper les pertes de l’usine. En attendant, ce sont les familles des grévistes qui vont connaître des mois difficiles, avant que leur revalorisation ne se fasse sentir. La grève a été longue et a sérieusement entamé des budgets déjà grevés par la hausse des prix, substantielle en Roumanie. D’où la nécessité de continuer à répondre à l’appel à la solidarité lancé vendredi dernier par notre journal."

    D'après L'Humanité du 14 avril 2008

     

    Superbes commentaires et montage bien huilée...

    "Tant que les navettes ne fileront pas toutes seules,  il faudra des esclaves." Aristote.